mercredi 8 février 2023

Contribution Lutte contre Troubles du Stress Post Trauma

 

La CFE-CGC demande de légiférer pour améliorer la prise en charge des agents souffrant de stress post-traumatique

"Les agents publics sont de plus en plus exposés et en danger dans le cadre de leurs missions. Agressions, assassinats se multiplient dans tous les secteurs et les versants", alerte la fédération des services publics de la CFE-CGC dans un communiqué, le 2 février 2023. La fédération a remis le 30 janvier au ministre de la Fonction publique une contribution

proposant plusieurs pistes d’action pour améliorer la prise en charge des agents souffrant de troubles du stress post-traumatique. Elle juge nécessaire de légiférer en ce sens et demande des assises sur le sujet.

Selon la classification internationale des maladies, le traumatisme complexe est généré par exemple par des agressions répétées dans le cadre d’accueil du public, ou dans les services d’urgence hospitaliers. Droits réservés - DR

"Ouvrir des pistes concrètes d’amélioration de la situation des agents publics présentant des troubles du stress post-traumatique et de favoriser pour eux, grâce aux outils institutionnels existants, le maintien en emploi." C’est que propose la présidente de la fédération des services publics de la CFE-CGC, Nathalie Makarski, dans la contribution qu’elle a remise le 2 février dernier au ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. Objectif : attirer son attention "sur la nécessité de mieux prendre en charge les troubles du stress post-traumatique des agents de la fonction publique" et lui "proposer des solutions concrètes".

En effet, "les agents publics sont de plus en plus exposés et en danger dans le cadre de leurs missions. Agressions, assassinats se multiplient dans tous les secteurs et les versants. Qu’ils soient policiers, pompiers, enseignants, agents territoriaux, hospitaliers ou autres, le simple fait d’appartenir à la fonction publique et de représenter les valeurs de la République, représente aujourd’hui, un risque", estime la fédération dans son communiqué du 2 février relayant son initiative, estimant qu’il "est temps aujourd’hui de légiférer" sur le sujet.

"Situations banalisées ou non identifiées"

Au-delà des tragédies médiatisées ces dernières années tels les assassinats perpétrés contre l’enseignant Samuel Paty en octobre 2020 (lire sur AEF info), la conseillère Pôle emploi Patricia Pasquion en janvier 2021 (lire sur AEF info), l’assistante sociale Audrey Adam en mai 2021 (lire sur AEF info) ou encore le contrôleur fiscal Ludovic Montuelle en novembre dernier, la CFE-CGC signale que "la dégradation des conditions de travail, les violences et agressions auxquelles les agents publics sont confrontés dans l’exercice de leurs fonctions, font que tous […], dès lors qu’ils sont chargés d’une mission de service public – peuvent être exposés à tout moment à un choc traumatique" dont "le caractère parfois répété renforce considérablement le risque".

Par ailleurs, les troubles du stress post-traumatique "peuvent être d’origine non professionnelle (violences familiales, viol, accident…) mais impacter l’agent au sein de son activité professionnelle", ajoute-t-elle, estimant nécessaire que "les encadrants et équipes [soient] sensibilisés aux particularités de ces incapacités, de ces handicaps invisibles afin de comprendre les difficultés rencontrées par l’agent et proposer un accompagnement adapté", ce phénomène traumatique semblant "prendre de l’ampleur et s’accélérer". S’appuyant sur les travaux de l’Inserm, le syndicat rappelle également que les TSPT "ont la particularité de pouvoir se déclencher des semaines, des mois, voire des années après la survenance de l’événement déclencheur" et que "certaines situations à risque sont banalisées ou non identifiés comme telle" et, faute de signalement, ne font pas l’objet "d’une prise en charge sur les plans médical et psychologique en temps utile".

La CFE-CGC juge par conséquent nécessaire que les employeurs publics prennent davantage "en compte et en charge les TSPT", la circulaire du 2 novembre 2020 prise après l’assassinat de Samuel Paty (lire sur AEF info) est "insuffisamment appliquée, notamment dans l’éducation nationale". Sa contribution rappelle à cet égard les facteurs favorisant l’apparition de ces troubles et les signaux d’alerte. "Chaque agent, quelle que soit sa position dans la chaîne hiérarchique, doit se comporter en sentinelle de ses collègues comme de lui-même", préconise la contribution qui recommande d’aviser la médecine du travail "si ces signaux apparaissent et durent". Elle réitère au passage "à nouveau la nécessité absolue de renforcer la médecine du travail dans la fonction publique", rappelant que "l’Éducation nationale ne compte que 57 médecins du travail (ETP) pour 1 200 000 agents" (lire sur AEF info).

Détection précoce et accompagnement

Pour la fédération des services publics de la CFE-CGC, deux pistes principales sont à explorer. Tout d’abord, la détection précoce. "Il est nécessaire de développer une politique de prévention de l’apparition des syndromes de stress post-traumatiques mais également d’améliorer le repérage et le dépistage des séquelles psycho traumatiques", estime-t-elle, saluant le lancement des PSSM il y a un an (lire sur AEF info). Toutefois, ces secouristes se font encore rares et "ils ne répondent que partiellement à la problématique des TSPT". La fédération propose donc de compléter ce dispositif par un guide "à base de fiches opérationnelles tant pour l’institution que pour l’agent public et par des actions de sensibilisation et de formation".

Elle suggère également de mettre en place une formation initiale et continue qui prendrait la forme d’une mallette pédagogique et serait financée par le FIPHFP. Celle-ci, "constituée de modules permettant aux agents d’apprendre à réaliser l’auto-repérage des signes de traumatisme potentiel", offrira aussi des modules à destination de la chaîne hiérarchique afin qu’elle puisse elle aussi mieux repérer les signes dans ses équipes".

Ensuite, l’accompagnement. Un agent souffrant de TSPT "doit nécessairement être accompagné pour retrouver une qualité de vie familiale, sociale et professionnelle avec trois axes principaux : rééduquer, réadapter, réinsérer", propose la CFE-CGC, privilégiant une "approche globale" de "réadaptation professionnelle" et de "réinsertion sociale". "Dans ce cadre, le soutien à l’agent souffrant de TSPT et son accompagnement ne doivent pas se réduire à une posture de principe de la part de l’employeur public", souligne sa contribution qui préconise :

  • "Une présomption de reconnaissance du lien traumatique pour tous les métiers exposant par nature ses agents à des situations de chocs post-traumatiques" ;
  • une déclaration systématique d’accident de travail (non limitée dans le temps) lorsqu’il est manifeste que l’agent a pu être exposé dans le cadre de ses fonctions" ;
  • "la mise en place d’une formation obligatoire pour les médecins de l’administration afin qu’ils puissent reconnaître ces troubles, les qualifier et permettre un accompagnement adéquat" ;
  • "la formation des encadrants aux TSPT et aux modalités d’accompagnement des agents et la sensibilisation des collectifs".

Pour "une démarche globale de soin"

La fédération propose également la création d’une fiche individuelle de déclaration d’exposition à des faits potentiellement traumatiques, "afin de garder une trace". "Il est absolument indispensable que le TSPT soit reconnu comme un préjudice en soi afin que la rémunération de l’agent, tant indiciaire qu’indemnitaire, soit maintenue en totalité", insiste-t-elle, demandant l’intégration de ce trouble dans la liste des affections longue durée. Il préconise par ailleurs la création d’une cellule nationale inter-fonctions publiques de réhabilitation – secondée par des cellules déconcentrées – dont la vocation sera de prendre en charge la situation de l’agent public souffrant de TSPT et d’assurer une démarche globale de soin, "du dépistage au maintien dans l’emploi".

Quant au chiffrage de ses mesures, "en raison de l’absence d’éléments statistiques fiable", elle reconnaît l’impossibilité "de chiffrer coût approximatif global". "Cependant, si une tentative de chiffrage financier devait être faite, elle devrait l’être au regard du coût actuel considérable engendré par la non-prise en charge des agents souffrant de TSPT", estime-t-elle. Et de citer l’absentéisme, la baisse de productivité ou encore le coût des soins inadaptés…"

La CFE-CGC voit dans sa contribution l’occasion d'"ouvrir un débat" sur le sujet et demande au gouvernement de légiférer. "L’État doit protéger ses agents publics et envoyer un signal fort de soutien à ceux qui assurent la continuité des services publics. Concernant ceux qui commettent des actes envers les agents, il doit leur être infligé des peines à la hauteur de leurs actes avec une tolérance zéro", plaide-t-elle, réclamant également l’organisation, "en urgence", des "assises de la sécurité des agents publics".

Documents

 

À diffuser sans modération

L’équipe SNT CFE-CGC

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire